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En bref : • Tesla subit une forte baisse boursière (-38% depuis janvier) et perd des parts de marché mondiales dans les véhicules électriques (de 17% en 2019 à 10% en 2024), tandis que BYD progresse (de 10% à 22%) • Les ventes de Tesla ont chuté drastiquement en Europe (-45% début 2025) et sa domination s'érode aux États-Unis (de 82% en 2020 à 44% en 2025) • La rentabilité de l'entreprise s'est effondrée avec une marge NOPAT passant de 13% en 2022 à 5% en 2024 et un retour sur capital investi chutant de 30% à 8% • Les avantages technologiques de Tesla (autonomie, temps de recharge, conduite autonome) s'estompent face à une concurrence rattrapant rapidement son retard • La valorisation actuelle de Tesla exigerait une croissance extraordinaire (28% par an jusqu'en 2035) et une marge de 15%, soit des projections déconnectées des réalités du marché automobile |
Figure-vous que Tesla, l’entreprise d’Elon Musk qui fait tant rêver, traverse une période délicate. Son action a chuté de 38% depuis janvier et de 48% par rapport à son sommet sur 52 semaines. Une valorisation boursière qui semble déconnectée de la réalité opérationnelle ? C’est ce que suggèrent les données économiques récentes.
Sommaire
Le mirage du pionnier électrique
Commençons par les faits : Tesla perd du terrain. Et pas qu’un peu. Sa part de marché mondiale dans les véhicules électriques est en chute libre, passant de 17% en 2019 à seulement 10% en 2024. Pendant ce temps, son rival chinois BYD est passé de 10% à 22% sur la même période. Vous voyez le problème ?
Je me souviens encore de l’époque où posséder une Tesla était synonyme d’exclusivité technologique. Aujourd’hui, le paysage a radicalement changé. Les constructeurs traditionnels ont rattrapé leur retard, et les nouveaux acteurs chinois innovent à une vitesse fulgurante.
Un recul préoccupant sur les marchés clés
En Europe, la situation est particulièrement alarmante. Les ventes de Tesla ont chuté de 45% sur les deux premiers mois de 2025, alors que le marché global des véhicules électriques a progressé de 37% ! Sa part de marché européenne est passée de 21% au premier trimestre 2023 à 9% au premier trimestre 2025.
Même aux États-Unis, son territoire de prédilection, Tesla voit sa domination s’éroder, passant de 82% de parts de marché au premier semestre 2020 à 44% au premier trimestre 2025.
Ces tendances sont d’autant plus inquiétantes que l’entreprise rate régulièrement ses objectifs de livraison. Au premier trimestre 2025, Tesla a manqué l’estimation consensuelle de 12%, soit 40 909 véhicules de moins que prévu.
La rentabilité en berne
Bon, soyons honnêtes, les chiffres financiers ne sont pas plus réjouissants. Le bénéfice net d’exploitation après impôts (NOPAT) de Tesla a chuté de 39%, passant de 7,2 milliards de dollars à 4,4 milliards de dollars entre 2023 et 2024. Sa marge NOPAT s’est effondrée, passant de 13% en 2022 à 5% en 2024.
Vous vous souvenez quand Tesla se vantait de marges supérieures à celles des constructeurs traditionnels ? Eh bien, c’est terminé. Son retour sur capital investi (RCI) est passé de 30% en 2022 à seulement 8% en 2024, le plaçant au même niveau que ses concurrents historiques.
Et puis il y a cette réalité qui dérange : Tesla n’a généré un flux de trésorerie disponible positif qu’une seule année sur les 14 dernières. Depuis 2014, l’entreprise a brûlé 29 milliards de dollars, dont 10,2 milliards ces trois dernières années.
L’avantage technologique s’estompe
Parlons autonomie des véhicules, un domaine où Tesla était jadis incontesté. En 2014, ses Model S affichaient une autonomie de 425 km, bien loin devant la concurrence. En 2025, selon les tests de Car and Driver, quatre véhicules concurrents dépassent désormais la Model S en autonomie réelle.
La recharge : le nouveau talon d’Achille
Le temps de recharge était un autre argument de vente majeur pour Tesla. Mais là encore, la concurrence a rattrapé son retard. Les nouveaux chargeurs de BYD, d’une puissance de 1 000 kW, peuvent ajouter près de 402 km d’autonomie en seulement cinq minutes. Les Superchargers les plus rapides de Tesla ? 322 km en 15 minutes. Faites le calcul.
Quant à la conduite autonome, le système Full Self Driving (FSD) de Tesla est loin de tenir ses promesses. Selon Guidehouse Insights, Tesla se classe à l’avant-dernière place parmi les 20 principaux concurrents dans ce domaine, loin derrière Waymo, Baidu et Mobileye.
Pendant ce temps, Waymo exploite déjà plus de 700 voitures totalement autonomes (sans conducteur humain) qui assurent 200 000 trajets par semaine.
| Indicateur | Tesla 2022 | Tesla 2024 | Concurrents (moyenne) |
|---|---|---|---|
| Part de marché mondiale VE | ~15% | 10% | BYD: 22% |
| Marge NOPAT | 13% | 5% | ~8% |
| Retour sur capital investi | 30% | 8% | 8% |
| – | Loin derrière | Ford, Toyota, GM: 2-4x plus |
Une valorisation déconnectée des réalités
Malgré ces difficultés, l’action Tesla continue d’être évaluée comme si l’entreprise allait connaître une croissance extraordinaire. Sa capitalisation boursière est plus du double de celle des constructeurs traditionnels combinés, alors que sa valeur comptable économique est négative (-11 milliards de dollars).
Pour justifier un prix d’environ 250 dollars par action, Tesla devrait atteindre immédiatement une marge de 15% (contre 5% actuellement) et augmenter ses revenus de 28% par an jusqu’en 2035. Dans ce scénario, Tesla générerait 1 400 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2035, soit 1,3 fois le chiffre d’affaires combiné de Toyota, GM, Nissan, Ford, Honda et Stellantis.
Tu te rends compte ? Pour justifier sa valorisation actuelle, Tesla devrait vendre entre 22 et 38 millions de véhicules en 2035, soit entre 31% et 53% du marché mondial des véhicules électriques projeté. À titre de comparaison, Toyota, le plus grand constructeur automobile mondial, ne détient actuellement que 11% du marché global.
Des scénarios plus réalistes mais peu encourageants
Même dans un scénario plus optimiste où Tesla atteindrait une marge de 10% et augmenterait son chiffre d’affaires de 22% par an jusqu’en 2035, l’action ne vaudrait que 87 dollars aujourd’hui, soit 65% de moins que son prix actuel.
Et si on suppose que Tesla atteindra 10% du marché mondial des véhicules électriques en 2035 (ce qui reste très ambitieux), l’action ne vaudrait plus que 49 dollars, soit une baisse de 81% par rapport au cours actuel.
Au-delà de l’automobile : des diversifications peu convaincantes
Les défenseurs de Tesla affirment souvent que l’entreprise n’est pas qu’un constructeur automobile, mais une entreprise technologique présente sur de multiples marchés. Pourtant, les chiffres racontent une autre histoire : 79% du chiffre d’affaires de Tesla en 2024 provenait de l’automobile.
Le secteur de la production et du stockage d’énergie ne représentait que 10% du chiffre d’affaires, et le reste provenait des services et autres activités comme l’assurance et la vente de véhicules d’occasion.
Quant au Cybertruck, lancé en grande pompe, ses ventes ont chuté de plus de 32% entre janvier et février 2025. Avec un stock d’environ 2 300 véhicules début avril, il semble que la demande pour ce produit iconoclaste s’essouffle rapidement.
Et n’oublions pas que les nombreuses entreprises d’Elon Musk (SpaceX, Neuralink, xAI, Boring Company…) ne font pas partie de Tesla et pourraient même nuire à cette dernière en détournant l’attention précieuse de son PDG.
Une bulle sur le point d’éclater ?
J’ai suivi l’évolution de Tesla depuis des années, et je dois avouer que la situation actuelle me laisse perplexe. Comment une entreprise qui perd des parts de marché, voit sa rentabilité s’effondrer et son avantage technologique s’éroder peut-elle maintenir une valorisation aussi élevée ?
La réponse tient peut-être dans la personnalité charismatique d’Elon Musk et dans la capacité de Tesla à incarner un avenir électrique et autonome. Mais les marchés finissent toujours par rattraper la réalité opérationnelle des entreprises.
Si vous êtes actionnaire de Tesla, ces données devraient vous inciter à la prudence. Et si vous envisagez d’investir, demandez-vous : êtes-vous prêt à parier sur une entreprise qui doit devenir deux fois plus grande que Toyota pour justifier son cours actuel ? Dans un marché automobile connu pour ses faibles marges et sa concurrence féroce, cela ressemble davantage à un acte de foi qu’à un investissement raisonné.

Je m’appelle Julien Ducret et je vis à Paris. Tesla, c’est mon obsession. J’ai toujours aimé l’électrique, mais tu sais quoi ? Voir une Model S traverser la campagne au lever du soleil, ça m’a donné envie d’écrire sur cette révolution qui roule vite !
